samedi 28 mai 2011

Odilon Redon, Prince du Rêve, une expo au Grand Palais


La première fois que j'entends parler d'Odilon Redon, je suis en cours d'histoire des arts et la prof nous parle des impressionnistes. Elle en profite pour nous toucher quelques mots sur des artistes qui seraient "à part", n'appartenant à aucun mouvement. C'est là qu'elle cite Odilon Redon, sans même nous montrer une de ses œuvres. Je note son nom parce que je l'aime bien. Je regarde un peu, chez moi, ce qu'il a fait, et ça me plaît. Alors quand j'apprends que le Grand Palais lui consacre une expo, je me dis qu'il faut absolument que j'aille à Paris avant la fin de l'expo, le 20 juin. C'est chose faite !

Odilon Redon (1840-1916) est un peintre, lithographe et décorateur que j'aime beaucoup. Son œuvre est d'un genre très spécial. Déjà quand on rentre dans la première salle de l'expo, on est saisi par l'obscurité qui y règne. Même si c'est tout d'abord dans un souci de protection des œuvres, cette atmosphère colle complètement à Odilon Redon. Au fil de l'expo, on découvre des choses très différentes les unes des autres. Notons que l'on peut distinguer trois grandes périodes chez Odilon Redon. Jusqu'en 1890, il est surtout un lithographe qui publie des recueils (un des plus célèbres : Dans le Rêve). C'est durant cette période qu'Odilon Redon travaille sur ses fameux "noirs". Grâce à plusieurs techniques, de l'eau-forte pour ses lithographies et ses gravures au fusain pour ses dessins, il explore une palette très large de noirs. Des noirs qui sont d'une très grande beauté, dans leurs intensité, leur texture... J'avoue que je ne connaissais pas vraiment cette partie de son œuvre, et c'est parfois tellement étonnant qu'on pourrait penser que ça date d'une période bien plus récente. On tombe vraiment sur des choses assez improbables, très originales... Il est alors soit admiré soit haï par le public de l'époque. On peut à ce moment là de sa vie le rattacher au mouvement du symbolisme, qui commence à apparaître. Mais maintenant, laissons parler les images !

L'œil-ballon, 1878

L'Araignée qui sourit, 1881

Puis, durant la dernière décennie du 19e, Odilon Redon commence à s'intéresser au travail de la couleur, toujours au service de la peinture du rêve, du subconscient... Progressivement, on assiste à l'arrivée de la peinture, du pastel... Et là, on est subjugué par la beauté de certaines œuvres. A commencer par La Cellule d'Or (1892), qui sert d'affiche à l'expo (voir au début de l'article). Je ne sais pas comment dire, mais quand on se retrouve en face, on est complètement sous le charme... La finesse des traits, la beauté des couleurs... La Cellule d'Or est une œuvre d'une délicatesse absolue. Un peu avant, il peignait les Yeux Clos, dans laquelle on ressent encore très bien son attirance pour le monde onirique.

Yeux Clos, 1890

Je voulais aussi vous montrer une œuvre qui m'a scotchée sur place, faite au pastel, On aurait vraiment dit une photo. Je parle du point de vue de la couleur. On ne s'en rend pas forcément compte si on ne la voit pas en vrai, mais je vous assure que c'était fascinant ! Cette œuvre est charnière entre la deuxième et la troisième période de Redon. Après ça, il va commencer toute une série de bouquets de fleurs aux couleurs éclatantes, et c'est d'ailleurs une période que j'aime beaucoup moins.
Vitrail, 1905

Mais on découvre tout de même des choses très originales dans l'œuvre de Redon au 20e siècle. C'est là qu'il lance sa carrière de décorateur, en réalisant des décors de maisons, en réalisant des cartons pour la Manufacture des Gobelins, ou encore le chef d'oeuvre qu'est le décor de la bibliothèque de Fontfroide. L'expo en présente quelques uns, par exemple le décor fleuri de la salle à manger des Domecy.

Salle à manger Domecy, Grand Panneau à décor végétal, 1901


Cette expo est, vous l'aurez compris, une expo que je ne saurais que vous conseiller d'aller voir. Sachez qu'elle sera également présentée du 7 juillet au 16 octobre 2011 au Musée Fabre de Montpellier. Pour plus de renseignements, ou tout simplement pour continuer votre (re)découverte d'Odilon Redon, vous pouvez aller voir sur le site officiel de la Réunion des Musées Nationaux, par ailleurs très bien fait. Bonne visite !

Source des images : Google

lundi 9 mai 2011

Pinocchio vu par Joël Pommerat

Tout simplement grandiose !



J'explique plus en détails :

Tout d'abord, le texte est le même... Grandiose. Mais peut-être plus cru que l'original : il ne s'agit pas de cacher une morale derrière une jolie histoire, c'est tout simplement : si tu ne vas pas à l'école, tu n'auras pas d'argent. Je trouve que ça fait un bien fou d'entendre quelqu'un s'adresser ainsi à un enfant, n'usant pas d'histoires à l'eau de rose pour qu'il intègre des principes sans s'en apercevoir... (Non, je ne critique absolument pas Disney, voyons !) A la manière usuelle de Pommerat, un narrateur nous délivre l'histoire que nous connaissons tous, nous mène d'une scène à une autre ou bien les commente.

Ce narrateur joue aussi certains personnages de l'histoire, car le deuxième point grandiose de la mise en scène de Carlo Collodi c'est qu'il n'y a que quatre acteurs. Seule l'actrice jouant Pinocchio conserve ce rôle pour toute la pièce... D'ailleurs, au début son jeu me faisait rire, mais à la fin il commençait à m'ennuyer, et c'est la seule remarque négative que j'ai à faire. Que le cancre soit un adepte de tecktonik et Gepetto un timide maladif , on l'accepte sans réfléchir, car chaque personnage est interprété avec justesse et nous rappelle forcément des gens que l'on a rencontrés ou des situations que l'on a vécues...

Le troisième point grandiose, ce sont les décors. Je souligne encore une fois que les acteurs n'étaient que quatre, qu'ils devaient changer de costumes tout au long de la pièce, et que seulement deux personnes étaient là pour les aider à déménager les accessoires. Or, en moins de temps qu'il ne faut pour le dire (littéralement), des tous nouveaux décors se présentaient à nous... Et quels décors ! Des effets magiques avec des lasers et de la fumée nous faisaient croire qu'une véritable mer avait pris possession de la scène. Toujours avec des lumières et de la fumée, une ambiance de cabaret était recrée... Car c'est là que se rend Pinocchio plutôt que d'aller à l'école ! (voir photo ci-dessus).

J'en ai assez dit, je pense, pour vous donner envie d'aller voir vous même cette pièce, et de découvrir ce qu'il vous reste à découvrir...

Bon spectacle !

dimanche 1 mai 2011

Rabbit Hole, de John Cameron Mitchell


Rabbit Hole, je ne suis pas allée le voir parce que le résumé me donnait particulièrement envie. Je dirais que c'est plutôt l'affiche, et puis... Nicole Kidman ! L'histoire, c'est celle d'un couple, la quarantaine, en deuil depuis 8 mois. Leur fils de 4 ans s'est fait renverser par une voiture alors qu'il courait après son chien dans la rue. Pas très gai, me direz-vous... Mais finalement, ce film -contrairement à ce qu'on aurait pu penser- ce n'est pas du tout une heure et demie de scènes larmoyantes, ou quelque chose du genre. On y détecte même plusieurs petites touches humoristiques. Et je dirais que plus que le thème de la perte de l'enfant, c'est le thème de la relation de couple de Becca et Howie qui est le thème central du film, comment ils essayent de remonter la pente.

Bref portrait du couple : elle, veut déménager, se débarrasser de toute trace de l'enfant, et lui, veut garder intacte la chambre de celui-ci, garder le chien, le siège enfant dans sa voiture... N'arrêtent pas de s'engueuler à ce propos. Pendant que lui suit une thérapie de groupe, elle, va à son insu discuter avec l'adolescent qui a renversé (involontairement) leur fils. Mais tous deux se cloîtrent chez eux, ne parlent plus ni à leurs voisins, ni à leur famille, ni à leurs collègues... Ils ne savent toujours pas, 8 mois après l'accident, où ils en sont.


L'interprétation de Nicole Kidman est assez troublante : on dirait de la retenue, mais en même temps parfois elle se lâche complètement, à force d'exaspération (je pense à une scène pendant la thérapie de groupe). Ça lui change de ses rôles dans Moulin Rouge ou Nine ! Mais je trouve que ça lui va très bien, d'ailleurs ! Aaron Eckhart -c'est la première fois que j'entends parler de lui, d'ailleurs- est lui aussi parfait dans son rôle. Et puis j'ai trouvé ce film très beau, du point de vue esthétique. De jolis plans, une grande recherche dans la composition, dans la lumière, les couleurs...

Pour une fois, en plus, la fin est pas trop négative, et ça ça fait plaisir ! Les personnages finissent par retrouver espoir, et quand c'est de celui qui a renversé l'enfant et qui a plongé Becca et Howie dans le désespoir que cet espoir naît, à la fin du film on est heureux pour et avec eux.