mercredi 20 octobre 2010

L'Illusion Comique, Pierre Corneille et Elisabeth Chailloux



Une chose est réjouissante, déjà. La pièce en elle même. C'est de loin la meilleure pièce de théâtre classique que j'ai jamais lue. Écrite avec tout l'art, toute la science, des dramaturges du 17e. Le père de Clindor, notre héros, donc, qui, dans la grotte d'un mage, croit assister à la vie de son fils qu'il n'a plus revu depuis des années. Mais tout ça n'est qu'illusion, c'est une pièce de théâtre que son fils a monté pour lui faire savoir qu'il était comédien !

Mais tout le monde admet que le texte de Corneille est magnifique, que les personnages qu'il a créés sont géniaux. Ô Matamore, toi qui te targue d'être un grand séducteur et un grand guerrier, qu'est-ce que tu nous fais rire ! Parlons donc de la mise en scène très réussie d'Elisabeth Chailloux. Des comédiens très justes, un plateau extra. Musique, jeu de paravents, jeu d'ombres, beauté des costumes... Mention spéciale à Malik Faraoun pour son interprétation d'Alcandre, le mage. Super. Bref, un voyage magique dans un théâtre de haut vol. Bravo.

Le site du Théâtre des Quartiers d'Ivry, producteur du spectacle, avec toutes les infos sur la pièce et la tournée ! Un moment de pur bonheur pour vous en perspective...

dimanche 17 octobre 2010

L'Amour Conjugal, Alberto Moravia et Matthieu Roy


L'Amour Conjugal. Le nom d'un roman de Moravia. Ce même roman que Matthieu Roy a décidé d'adapter au théâtre, d'une manière plutôt singulière, il faut le dire. La salle ? Petite. La scène ? Une table et deux chaises, au milieu de deux rangées de chaises pour le public, de chaque côté de la table, à 1m50 des comédiens. Bizarrerie : on n'écoute pas le texte de la bouche des acteurs directement, mais à travers un casque audio. Et du coup, quelque chose est permis qui n'est pas possible autrement.

Le spectateur est propulsé au cœur de l'intrigue de la pièce. Le système sonore fait que Silvio et Léda, sa femme, ont des voix différentes selon qu'ils se parlent, qu'on soit dans une situation de discours direct, comme au théâtre habituellement, ou que l'on assiste à un discours intérieur d'un des deux personnages. Il y a d'ailleurs une question que je me pose, et je ne suis pas sûre de la réponse, mais je pense que le texte est tout bonnement celui du roman de Moravia, mot pour mot. A vérifier. Ce spectacle est vraiment un spectacle qui laisse une grande place à l'intimité. Intimité du spectateur vis à vis du texte, comme un lecteur entretient un rapport d'intimité très fort avec un livre. Et d'ailleurs, pas que par rapport au texte, mais aussi par rapport aux acteurs ! On les voit fumer et manger des huîtres juste devant nous, quand même... Et puis l'intime, c'est aussi le sujet de la pièce. Plongée dans l'intimité d'un couple, dans leur espace intime, leur chez eux, leur salle à manger.

Vous l'aurez compris, c'est une pièce que j'ai adoré. Je vous conseille vivement d'aller la voir si vous pouvez. Toutes les infos sur la tournée et la compagnie sur le site La Compagnie du Veilleur.



samedi 16 octobre 2010

Billy Brouillard, les comptines malfaisantes.


"Les comptines malfaisantes sont au nombre de treize. Leurs origines sont diverses et variées, souvent mystérieuses. Certains prétendent qu'elles auraient été écrites par le Diable en personne, afin de punir les enfants dissipés. Quatre d'entre elles ont été retranscrites à ce jour, elles vous sont ici livrées..."
.
C'est ainsi que commence "les Comptines malfaisantes", suite du brillant et magnifique "Billy Brouillard, le don de trouble vue" de Guillaume Bianco. Ce coffret de trois livres relate 4 comptines bien nommées "L'hôte funeste", "La complainte de la fille de l'eau" suivie de "La petite princesse qui faisait du mal aux gens" et "Imhotep". Ces histoires qui, sous le nom de comptines, donnent la première et fausse impression qu'il s'agit de livres enfantins, ne sont autres que des récits d'horribles supplices subis par des enfants qui comme toujours sont opposés au monde des adultes et à la réalité. Toutes plus originales et loufoques les unes que les autres, et sous un aspect humoristique, "Les Comptines malfaisantes" ont une signification bien plus sombre et plus profonde. Si on devait résumer la conclusion finale et morale de chacune de ses comptines, contrairement à d'habitude, nous ne lirons pas "Et ils vécurent heureux jusqu'à la fin de leur vie" mais "Le mal ayant triomphé d'eux, ils tombèrent dans l'abîme de l'oubli et de la mort pour l'éternité". C'est un peu dur à écouter pour des enfants, c'est pourquoi ces livres s'adressent en fait à un public plus âgé. La plupart des héros de Guillaume Bianco sont au départ des pécheurs qui dans leur actes maléfiques seront à leur tour punis pour avoir fait du mal autour d'eux. On peut donc considérer que le mal est représenté comme la solution, le bien en quelques sorte puisque les "héros" tombent finalement dans leur propre piège.
.
Bref, "Les comptines malfaisantes" sont indispensables pour tout admirateur comme moi de beauté sombre et inquiétante qui se respecte. A avoir sur ses rayons !

vendredi 15 octobre 2010

Billy Brouillard, le don de trouble vue


Qui est Billy Brouillard ?

_C'est un petit garçon débordant d'imagination qui, un beau matin, retrouve son chat bien nommé Tarzan, mort et puant au fond de son jardin . Cet évènement va déclencher chez le petit garçon en fleur une série de questionnements morbides et existentiels sur : qu'est-ce que la Mort ? Qui est-elle ? Pourquoi fait-elle ça ? Et j'en passe des meilleures, mais surtout des pires .

__Commençons la critique superficiellement : Billy Brouillard, c'est un livre merveilleusement beau . Une couverture lisse, une citation bien adaptée en guise de quatrième de couverture, des dessins en harmonie qui composent comme un univers autour de portrait de Billy...puis des pages d'un blanc cassé, une ressemblance non anodine avec les grimoires, une odeur de papier...la première chose que l'on peut dire, c'est que c'est un livre illustré . Or, l'idée reçue veut que les livres illustrés ne soient destinés qu'uniquement aux enfants ! La collection Métamorphose des éditions Soleil nous rappelle avec brio que c'est effectivement une idée reçue, car tout adulte curieux qui se respecte dévorera ce livre en trois bouchées .

__Mes doigts maladroits sont tombés par le plus grand des hasards sur cet incroyable album . Alors que je jettais un coup d'oeil vague à un rayon inintéressant, mon regard a été immédiatement attiré par une couverture dépassant du lot . A l'évidence, ce livre n'était pas à sa place...et c'est à ce moment là que je remercie sincèrement les gens d'avoir un poil suffisamment long dans la main pour jeter délibérément ce livre dans le mauvais rayon !

__C'est avec beaucoup de finesse, d'humour (noir) et de génie que Guillaume Bianco se questionne, et amène le lecteur à se questionner sur la Mort, vu par l'auteur comme une femme intemporelle, au regard vide, tenant un chat nommé Tarzan dans ses bras ! Agrémenté d'anecdotes, d'articles de La Gazette du Bizarre, de poèmes macabres et de renseignements sur les créatures les plus insolites que la nature ait enfantées (notamment les cauchemards et les petites soeurs), Guillaume Bianco créé un univers à part, hors du commun, boueux et grouillant d'insectes plus ou moins carnaciers .


Une vision obscure, et peut-être utopique me vient à l'esprit :vous, cher lecteur, entrain de vous précipiter dans la librairie la plus proche .

jeudi 14 octobre 2010

Théâtre d'Angoulême, saison 2010-2011


Déjà le début de la saison pour la scène nationale d'Angoulême. Et cette année, petite nouveauté, on vous propose des critiques des spectacles qu'on aurait pu voir. Théâtre, musique, danse... Vous aurez donc droit, à priori, à une bonne dizaine d'articles sur des spectacles qui passent à Angoulême, mais rassurez-vous, qui sont aussi la plupart du temps en tournée dans toute la France !

Vous pouvez trouver, pour ceux que ça intéresserait, la programmation complète de la saison pour l'année ici, car non, nous ne pourrons bien évidemment pas tout voir !

Jusqu'à décembre, je peux vous dire qu'on ira voir L'Amour Conjugal, L'Illusion Comique, un concert où sont alliés jazz, rock, musiques traditionnelles par deux groupes, Motion Trio + Terem Quartet, Qui a peur de Virginia Woolf ? et Quatre tendances/3, spectacle de danse.


mercredi 13 octobre 2010

Philippe Katerine, dernier album


Alors alors. Ça fait quoi, un mois que c'est sorti ? Et on en a entendu parler... J'ai l'impression qu'il fait partie de ces albums que soit on adore soit on déteste. Et honnêtement, moi, je trouve que c'est un album tout à fait réussi. Les 24 chansons courtes qui le composent sont toutes super ! Je sais que ça peut paraître bizarre (et je me suis surprise moi-même...) de trouver que des chansons qui se composent pour la grande majorité d'une seule phrase chacune peuvent être géniales. Et pourtant.

Je ne sais pas trop quoi dire. Peut-être que c'est tellement nul qu'on trouve ça bien, comme ça peut le faire pour certains films. Déjà il faut avoir le cran de sortir un album comme ça. Le gros avantage qu'il avait, c'était d'être déjà connu, et déjà comme un artiste un peu différent, on va dire... Alors, qu'est-ce que ça donne à la première écoute ? Un peu déroutant au début, et tout de suite on se sent bien dans le truc, la musique est très sympa et on rigole. Faut pas rester là et se dire mais il ne fait que dire l'alphabet à l'endroit et à l'envers! (Les Derniers Seront Toujours Les Premiers) Ou dire Bla Bla Bla pendant 2 minutes 29. On n'a que l'embarras du choix pour les paroles du genre. Personnellement j'ai un petit faible pour La Reine d'Angleterre, j'aime bien La Banane, Philippe, Sac en Plastique, Vélib', J'aime tes fesses... En fait je crois que je les aime à peu près toutes ! Voilà un album de rentrée très réjouissant, pour souffler un bon coup en rentrant des cours ou du boulot. Et vous savez quoi ? Il se peut même que je décide de l'acheter... Alors bonne écoute !


L'album sur deezer ici

dimanche 10 octobre 2010

Amore, de Luca Guadagnino


Depuis le moment où il est sorti, je voulais le voir. Et c'est chose faite, je l'ai vu. Et, comme je le pressentais, Amore est un film qui m'a plu. Je le pressentais à cause de l'histoire. La femme d'un riche industriel milanais, qui va revivre grâce à la passion amoureuse qu'elle va vivre avec le meilleur ami de son fils, un cuisinier. Avec en fond les intrigues de cette famille. Je le pressentais à cause de Tilda Swinton, qui est en règle générale une actrice que j'aime beaucoup. Et puis j'aime bien l'affiche, qui fait un peu affiche de séries télé, où tous les personnages regardent la caméra en croisant les bras...

Globalement, donc, c'est un film que j'ai vraiment bien aimé. Certaines scènes sont vraiment très réussies, notamment les celles de repas de famille, avec 15 personnes à table, les regards entre mère et fils, entre mère et fille, entre frère et sœur, le discours du grand-père... Très réjouissant. Sur le côté technique, Luca Guadagnino prend le parti d'un film très esthétique. Énormément de gros plans, de recherche autour des plans de plongée et de contre-plongée, notamment quand Tilda Swinton descend l'escalier monumental de sa villa pour un dîner de famille. Tout un travail autour des regards, comme je l'ai déjà dit, et autour des mouvements des visages. Une lumière magnifique sur les corps. Je dirais d'Amore que c'est un film d'une très grande beauté. Ce qui nous fait pardonner au réalisateur une dernière scène ridicule à souhait. La musique en crescendo, sur un assez long moment, les personnages qui surjouent un peu, et pour couronner le tout -c'était tellement ridicule que j'ai rigolé (pas explosé de rire non plus, n'exagérons rien), alors que c'était censé être une scène où la tension dramatique était insoutenable...- une fille sur le point d'accoucher dans le salon... ! Mais à part ça, vraiment rien à dire.





jeudi 7 octobre 2010

Seeing through it all.

Que la lumière soit. Tantôt candide, tantôt fourbe, la nymphette estivale dissimulera ses péchés sous un voile transparent, si paradoxal cela puisse-t-il être. La pudeur envolée, elle foulera le macadam avec audace et dédain, au rythme de sa traîne voilée crissant sur le pavé.

Printemps / Eté 2011 : Chanel, Givenchy, Chloé.

mardi 5 octobre 2010

Musiques en vrac.

Bonsoir.

Je n'ai pas d'artistes précis à présenter, donc je vous propose une petite série de chansons et de vidéos qui valent le détour ! J'espère arriver à satisfaire votre soif de musique, même pour les plus mélomanes d'entre vous.
.
En premier, Closer de Nine Inch Nails que je mets en lien car le clip n'est pas accessible à tout le monde malheureusement, mais si vous y avez accès, regarder le car j'en ai rarement vu d'aussi beau et d'aussi étrange, la perfection de chaque image me laisse sans voix et en ravira plus d'un.
.
Bonne écoute !











lundi 4 octobre 2010

Dino Valls.


Quel plaisir de parcourir la gallerie de Dino Valls : maux de coeur, bizarreries frisant l'écoeureument et nausée vous attendent dans cette série de visage inquiétants et inquiétés. D'une peinture à l'autre, il n'y a tout de même pas énormément de surprise : chaque visage peint affiche une expression tourmentée et solennelle, le regard triste ou neutre. Mais leur finesse est remarquable et ne laisse pas indifférent, on a presque envie de souffrir avec eux.
Mais une question se pose : que recherche Dino Valls dans sa peinture ? A-t-il un message à nous transmettre à travers son art ? La réponse est OUI. Tous les artistes ont quelque chose à prouver ou à revendiquer, chacun d'entre eux y arrive avec plus ou moins de mal, et je considère que Dino Valls en fait partie. Quelle signification peut-on associer à ses peintures ? Peut-être qu'il y en a plusieurs, et que chacun y voit quelque chose de différent.
De mon point de vue, le masque tombe : je suis prise au dépourvu devant ses peintures parce que j'ai l'impression de me regarder dans un mirroir.

dimanche 3 octobre 2010

Sans Queue ni tête, de Jeanne Labrune



Malgré les critiques pas spécialement positives de ce film, il faut le dire..., et bien, comme je voulais le voir, j'y suis allée quand même. Une histoire de putes et de psys, ça me branchait bien ! Passons... Ce que je dirais, c'est que c'est pas un film extraordinaire, mais que je l'ai bien aimé.

Par où commencer... L'histoire, déjà. Tout va mal pour Alice, prostituée, qui cherche la force de quitter son métier. Tout va mal pour Xavier, psychanalyste, que sa femme vient de quitter et qui en a marre de ses patients. Alice veut commencer une analyse, et Xavier cherche quelqu'un qui lui tienne compagnie. Deux personnages désespérés, entourés de personnages désespérés (saluons la performance de Didier Bezace dans le rôle du patient "heureux et triste").

Pour tout vous dire j'ai été un peu surprise, parce que j'avais lu que le film était une comédie, j'avais vu la bande-annonce qui annonçait un film plutôt marrant, mais je tiens à dire que je le qualifierais plutôt de comédie dramatique. On a quand même des scènes drôles mémorables, je pense à la première, à celle où Isabelle Huppert présente son "catalogue" à Xavier (Bouli Lanners), à certaines scènes avec les clients de ce dernier. Pour l'anecdote, le premier commentaire d'une femme à une de ses copines à la sortie de la salle, c'était "Elle était quand même chère, tu trouves pas ?". Ça m'a fait sourire. Et non je ne dévoilerai pas les fameux tarifs en question. Le travail sur les malentendus verbaux, comme toujours, apporte encore une touche de comique. Et Jeanne Labrune n'est pas très tendre avec la profession de psychanalyste! Il y en en a un, c'est vraiment la caricature du gars qui t'écoute juste pour ramasser de l'argent. Et est-ce qu'il t'écoute vraiment ? Mystère... J'aime bien.

Je vous ai dit que c'était pas non plus un film extraordinaire, donc maintenant les quelques points négatifs. J'ai trouvé que par moment ça tournait un peu au mélodrame, que certaines scènes auraient pu être moins longues. Le moment où Alice coure après son psy dans un hôpital psy, c'était pas nécessaire de faire aussi long, selon moi. Globalement il n'y a pas grand chose de plus à dire pour ce point. Et malgré ça, je n'ai pas regretté pour autant de l'avoir vu, et puis quelque chose -quelqu'un- était à la hauteur de mes attentes... Isabelle Huppert !


L'album du mois : Anhedoniac de JARBOE.

..............



The living JARBOE est une chanteuse ayant sortie plusieurs albums solo après avoir fait partie du groupe Swans depuis le milieu des années 80. Sa musique s'inspire de la culture gothique tout en restant à part et inclassable. Elle est également compositrice.
.
"Anhedoniac" est son 8ème opus, sorti en 1998 et réédité en 2004. Mon choix s'est arrêté sur cet album parce qu'il est d'après moi le plus original et le plus abouti. Tantôt elle chante, tantôt elle crie, les chansons ont toutes une particularité différentes bien qu'elles soient toutes marquées de la même griffe. Le tout donne finalement quelque chose d'assez hétérogène, sombre et surprenant : une chanson débute avec quelques chants acapella doux, et finit en hurlements de furie. Et pire que tout, j'ai l'impression qu'elle a pris mon cerveau et l'a mis en musique (ce qui n'est pas sans influence sur mon choix). Un travail vraiment viscèral.

Voici deux extraits de cet album :