dimanche 13 juin 2010

Le Mariage à Trois, de Jacques Doillon


Raisons pour lesquelles je suis allée voir ce film ? Un peu le hasard, en fait. J'ai envie d'aller au cinéma, je regarde le programme, et là, je suis accrochée par l'affiche. Qui ne le serait pas ? Et puis, il y a Louis Garrel... En fait, le film m'a beaucoup plu, et m'a marqué, puisque -et c'est rare- le lendemain j'y pensais encore alors que j'étais en cours... C'est dire !

L'histoire : celle d'un dramaturge qui aime encore son ex-femme, qui en rêve toutes les nuits. Un jour, le producteur de sa dernière pièce vient avec celle-ci, qui partage l'affiche avec un jeune homme. Jeune homme avec qui elle a prévu de se marier. Tout ce petit monde réuni dans la maison de l'écrivain, nichée au fin fond de la campagne charentaise, pour une journée. Ajoutez à cela une étudiante en droit travaillant dans cette maison pour faire du rangement et ouvrir le courrier. Vous avez là tous les protagonistes du film. Et toute l'action du film se déroule dans cette maison -ou presque. Et il peut s'en passer, des choses, entre cinq (quatre sans compter le producteur) personnes, coupées du monde...



On obtient donc quelque chose qui emprunte énormément au théâtre. On peut parler d'unité de lieu et de temps. Peu de personnages "sur scène", on peut dire. Et une manière de jouer, surtout chez Garrel, de tout à fait théâtral ( et puis, le personnage, Théo, qu'il interprète, est lui-même comédien ). En fait, j'avais l'impression de planer au-dessus de quelque chose : loin de tout, les personnages sont totalement libres et peuvent faire ce que bon leur semble. Et puis, le personnage d'Auguste ( Pascal Greggory ), donne l'impression d'être lui-même au dessus de ce qui se passe : sa magnifique manière de s'exprimer, tantôt poétique, tantôt crue. Quoique rien n'interdit que quelque chose de cru ne soit pas poétique... C'est donc le cas ici. Et puis, une lumière vraiment magnifique, qui auréole les personnages comme dans un tableau renaissance.

Parlons quand même du mariage à trois en lui-même. Harriet, l'ex-femme d'Auguste, propose à ce dernier, pas de vivre, mais de se marier, avec elle et Théo. Auguste utilise lui-même le terme de vaudeville pour définir leur relation. Plus on avance dans le film, plus les propositions surréalistes ou farfelues se multiplient. Et le sommet est atteint quand rentre dans ce "couple" une quatrième personne, Fanny ( la "secrétaire" ). Tout devient un peu confus, A veut un enfant de B et C, mais aussi un enfant avec C, B veut un enfant de A et D... Et puis, c'est la chute. Le retour à "la vie normale" : départ d'Harriet et de Théo, qui ont abandonné cette idée de mariage à trois, pour laisser Auguste et Fanny ensemble.

Et pour finir, je voudrais quand même dire que Agathe Bonitzer ( Fanny ), est splendide. En fait, je la trouve "botticelliesque". Elle incarne vraiment ce type de beauté chère au peintre, et avec la lumière dont je parlais tout à l'heure, c'est tout simplement sublime. Une révélation.

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