Voilà la fin d'octobre, la fin du thème "Renaissance", et donc pour le clore, une image.
Je l'ai choisie dans une des séries de la photographe Antonella Arismendi.
La lumière filtrant à travers les cheveux blonds évoque un rayon de chaleur longtemps cherché, la sensation presque oubliée de la chaleur sur la peau. Les yeux clos et la bouche entrouverte, sur-cadrés par la coiffure, marquent le laisser-aller dans l'émotion. Le bras replié vers l'épaule évoque une posture de méditation, les couleurs vives que porte la jeune fille dénotent un caractère féerique, renforcé par la nature floutée en arrière-plan.
Une brève description pour vous orienter vers mon ressenti en regardant cette photo.
J'y vois une renaissance spirituelle, en communion avec la nature.
Mysticisme à part...
Joyeux Halloween, la fête des morts qui reviennent à la vie ! ;-)
mercredi 31 octobre 2012
mardi 30 octobre 2012
Kuriosité : l'homme du mois
Avant de me faire gronder à juste titre par me co-bloggeuses et néanmoins amies (électroniques), je me hâte d'écrire pour Kulturrama avant cette fin de mois d'octobre et d'inaugurer ainsi la rubrik Kabinet de Kuriosité. Initiée ce mois-ci, elle a pour objet de faire partager au world wide web un coup de sang, un coup de coeur ou un coup d'oeil sur un fait marquant de l'actualité (ou non).
J'ai longtemps hésité à profiter de cette rubrique pour passer mes nerfs, les sujets ne manquant pas dernièrement (déclarations ahurissantes de Républicains Américains, manifestations d'un goût douteux contre le mariage homosexuel, histoire de pains au chocolat un peu rance). J'ai préféré me concentrer sur quelque chose qui m'a plu et décerner au débotté le qualificatif d'homme du mois au génial David Simon.
(source : The Guardian.co.uk/Jemal Countess/WireImage.com)
David Simon est le créateur des séries The Wire et Treme. Il est en France en ce moment pour présenter son livre Baltimore, qui vient de paraître aux éditions Sonatine. J'écris "présenter" et pas "faire la promotion de" car, contrairement à d'autres, l'écrivain-journaliste-scénariste accepte de parler de beaucoup de choses dans les interviews et pas forcément de son actualité commerciale. Les entretiens qu'il a accordé un peu partout et que j'ai pu lire ou entendre sont des petites merveilles d'intelligence : mélange d'analyses fines de la société occidentale (par le biais de sa connaissance journalistique des USA) et d'optimisme forcené sur la capacité des citoyens à prendre en main leurs problèmes, à faire entendre leurs arguments. Il parle aussi de son travail d'écrivain comme de celui d'un artisan, il ne se prend pas la tête sur ce qu'il est capable de produire - et pourtant Baltimore et The Corner, son précédent livre traduit en français, sont de pures merveilles littéraires. Bref, pour toutes ces choses bienvenues en des temps difficiles, je trouve que le mois d'octobre kulturramesque méritait bien d'accorder sa place à David Simon.
Pour faire le tour de la question, et écouter de belles choses qui font du bien, ceux que ça intéresse peuvent podcaster l'émission "Saison 1, Episode 1" sur le site de la radio Le Mouv' : le 13/10/2012, David Simon y a accordé une longue interview à Pierre Langlais. Du chocolat pour les oreilles.
lundi 15 octobre 2012
The Walking Dead revient pour une nouvelle saison !
Depuis quelques semaines l'attente
commençait à devenir insupportable. Enfin le premier épisode de la
nouvelle saison de The Walking Dead a été diffusé hier soir sur
les télés américaines. J'ai découvert cette série assez
récemment, et je dois avouer que j'ai vraiment bien accroché.
Pourquoi un article sur The Walking
Dead dans un thème sur la Renaissance? Pour plusieurs raisons.
Tout d'abord, parce que c'est une série de zombies, et que les
zombies, c'est quoi sinon des gens qui meurent et qui revivent ?
Et puis la deuxième raison, c'est parce qu'après une deuxième
saison si j'ose dire très posée, qui se concentre sur les
personnages, leur caractère, leurs sentiments, et donc en laissant
un peu de côté l'action, cette troisième saison s'annonce moins
calme... ! En tous cas c'est ce que laisse présager un premier épisode bourré d'action où on s'occupe plus de tuer des zombies que de discuter.
Pour faire court, The Walking Dead
c'est l'histoire d'une mystérieuse contamination qui s'étend très
vite à toute l'Amérique. Mais ce n'est pas l'histoire de la
contamination qui est racontée dans la série. Et pour cause :
le héros, Rick, est plongé dans le coma alors que tout va encore
bien, et lorsqu'il se réveille, c'est l'hécatombe, tous les
habitants ou presque sont soit devenus des morts-vivants soit sont
morts tout court. Rick va alors s'affairer à retrouver sa femme et son fils -qui sont bien évidemment vivants sinon c'est pas drôle! Puis ils se retrouvent à une dizaine d'humains qui vont former un groupe et essayer de survivre.
Dit comme ça, on peut avoir l'impression que ce ne sont que des gentils humains qui tuent des méchants zombies. Mais en réalité, la série est bien plus intéressante que ça. Tout d'abord, je ne crois pas qu'on puisse dire qu'il y a des héros dans cette série. On pourrait même plutôt dire l'inverse, aucun des personnages n'est un personnage modèle : il y a celui qui abandonne son meilleur ami, celle qui trompe son mari... Même Rick, le personnage principal, sous ses airs de héros, n'en est pas un. Chaque personnage a ses défauts, et il me semble que cela les rend plus humains. L'interprétation est également un des points forts de la série, Andrew Lincoln alias Rick est très bon dans son rôle.
Comme je vous le disais tout à l'heure, cette troisième saison a l'air de partir sur les chapeaux de roue, après une première saison elle aussi bourrée d'action et une deuxième beaucoup plus centrée sur la psychologie des personnages. D'ailleurs si je peux me permettre une petite remarque, je sais que pas mal de gens commençaient à en avoir marre que ça ne bouge pas la saison précédente, mais moi j'ai trouvé que ça a fait du bien du se poser comme ça, et d'ailleurs j'ai si bien aimé et j'étais si bien à fond dedans que j'ai pleuré devant tous les épisodes... Très émouvant, donc. Mais l'heure de la sieste est finie, maintenant il est temps de renaître, si j'ose dire, pour notre plus grand plaisir à tous...!
Et puis quand même, nos petits préférés, ce sont les zombies ! Il faut saluer les maquilleurs qui sont vraiment doués... Sont-y pas mignons ?
The Walking Dead, série créée par Frank Darabont et Robert Kirkman d'après l'oeuvre de Robert Kirkman et Charles Adlard.
Site officiel de la série (en anglais).
Images : Google
vendredi 12 octobre 2012
Revivez la Renaissance
avec Assassin's Creed II et Assassin's Creed Brotherhood
La série Assassin's Creed (pour les néophytes) :
Cette saga d'action et d'aventure ne cesse d'époustoufler régulièrement avec ses nouveaux opus, malgré un fort succès dès le premier du nom en 2007.
Grâce à un programme permettant d'accéder aux souvenirs de ses ancêtres, Desmond Mile revit la confrontation au fil des siècles entre les Assassins et les Templiers. Le premier jeu nous emmenait au temps des Croisades et le prochain qui sortira à la fin de ce mois-ci, Assassin's Creed III Rise, nous propulsera pendant la Révolution Américaine en 1773.
Le succès de la saga tient principalement à la reconstitution monumentale des villes telles qu'elles étaient, combinée à la possibilité pour le héros de grimper absolument partout. Ainsi Assassin's Creed II et Assassin's Creed Brotherhood nous permettent de redécouvrir l'Italie lors de la Renaissance, et ce sera le sujet de cet article.
Immersion dans la Renaissance
Assassin's Creed II se déroule principalement à Florence, pendant l'affrontement des familles Pazzi et Médicis, ainsi que la montée lente mais certaine des Borgia (faits réels). On trempera aussi dans les intrigues politiques de Venise lors d'un court passage, nous permettant d'assister au fameux carnaval. Ezzio, le héros, rencontrera notamment Léonard de Vinci et Nicolas Machiavel qui deviendront ses alliés.
Dans Assassins's Creed Brotherhood, les Borgia auront bel et bien fini par s'emparer du pouvoir. Ezzio se rendra donc à Rome afin de mener la lutte contre eux, soutenu par des habitants rebelles recrutés au fil du jeu (d'où le nom de Brotherhood). Le génie Léornard de Vinci est ici contraint de réaliser des machines de guerre, mais indiquera leurs emplacements à son ami pour qu'il les détruise.
L'ambiance commune aux deux jeux :
Dans les rues, les passants ne manqueront pas de vous renseigner sur le climat de tension régnant et les derniers potins si vous laissez traîner une oreille. Les crieurs publics vous tiendront au courant de l'impact de vos derniers faits et des nouveaux décrets en vigueur, souvent ridicules. Immersion imparable. Il vous sera possible de corrompre l'homme si jamais il est en train de prononcer le décret d'arrestation vous concernant...
Vous pourrez aussi vous rendre dans des banques, armureries, échoppes d'oeuvres d'art, d'apothicaires etc... pour faire des emplettes. Auparavant, dans Brotherhood, certains de ses bâtiments devront être rénovés par vos soins, et c'est ainsi que vous assistez réellement à la renaissance de l'Italie. Une fois un quartier débarrassé des Borgia et agrémenté de nouvelles boutiques, la vie s'y fait plus grouillante et joyeuse. Cela permet aussi soit-dit-en-passant de vous enrichir.
Oh, j'oubliais.
A chaque fois que vous découvrirez un nouveau bâtiment, assisterez à un évènement historique ou croiserez un personnage important, des informations à son sujet apparaîtront dans la "base de données" accessible depuis le menu pause. Ainsi vous pouvez avoir accès à un historique détaillé s'il vous en prend l'envie.
Outre le gameplay jouissif des Assassin's Creed, les opus vous permettent donc de redécouvrir des époques. Inutile de s'acheter un billet pour l'Italie si vous voulez découvrir le Colisée, le Panthéon... De plus les guides touristiques ne vous laisseront sûrement pas grimper où vous le souhaitez !
plateformes : PS3 - XBox 360 - PC
images : jeuxvideos.com
ÉDITÉ LE 18/10/12
La série Assassin's Creed (pour les néophytes) :
Cette saga d'action et d'aventure ne cesse d'époustoufler régulièrement avec ses nouveaux opus, malgré un fort succès dès le premier du nom en 2007.
Grâce à un programme permettant d'accéder aux souvenirs de ses ancêtres, Desmond Mile revit la confrontation au fil des siècles entre les Assassins et les Templiers. Le premier jeu nous emmenait au temps des Croisades et le prochain qui sortira à la fin de ce mois-ci, Assassin's Creed III Rise, nous propulsera pendant la Révolution Américaine en 1773.
Le succès de la saga tient principalement à la reconstitution monumentale des villes telles qu'elles étaient, combinée à la possibilité pour le héros de grimper absolument partout. Ainsi Assassin's Creed II et Assassin's Creed Brotherhood nous permettent de redécouvrir l'Italie lors de la Renaissance, et ce sera le sujet de cet article.
Immersion dans la Renaissance
Assassin's Creed II se déroule principalement à Florence, pendant l'affrontement des familles Pazzi et Médicis, ainsi que la montée lente mais certaine des Borgia (faits réels). On trempera aussi dans les intrigues politiques de Venise lors d'un court passage, nous permettant d'assister au fameux carnaval. Ezzio, le héros, rencontrera notamment Léonard de Vinci et Nicolas Machiavel qui deviendront ses alliés.
Dans Assassins's Creed Brotherhood, les Borgia auront bel et bien fini par s'emparer du pouvoir. Ezzio se rendra donc à Rome afin de mener la lutte contre eux, soutenu par des habitants rebelles recrutés au fil du jeu (d'où le nom de Brotherhood). Le génie Léornard de Vinci est ici contraint de réaliser des machines de guerre, mais indiquera leurs emplacements à son ami pour qu'il les détruise.
L'ambiance commune aux deux jeux :
Dans les rues, les passants ne manqueront pas de vous renseigner sur le climat de tension régnant et les derniers potins si vous laissez traîner une oreille. Les crieurs publics vous tiendront au courant de l'impact de vos derniers faits et des nouveaux décrets en vigueur, souvent ridicules. Immersion imparable. Il vous sera possible de corrompre l'homme si jamais il est en train de prononcer le décret d'arrestation vous concernant...
Vous pourrez aussi vous rendre dans des banques, armureries, échoppes d'oeuvres d'art, d'apothicaires etc... pour faire des emplettes. Auparavant, dans Brotherhood, certains de ses bâtiments devront être rénovés par vos soins, et c'est ainsi que vous assistez réellement à la renaissance de l'Italie. Une fois un quartier débarrassé des Borgia et agrémenté de nouvelles boutiques, la vie s'y fait plus grouillante et joyeuse. Cela permet aussi soit-dit-en-passant de vous enrichir.
Oh, j'oubliais.
A chaque fois que vous découvrirez un nouveau bâtiment, assisterez à un évènement historique ou croiserez un personnage important, des informations à son sujet apparaîtront dans la "base de données" accessible depuis le menu pause. Ainsi vous pouvez avoir accès à un historique détaillé s'il vous en prend l'envie.
Outre le gameplay jouissif des Assassin's Creed, les opus vous permettent donc de redécouvrir des époques. Inutile de s'acheter un billet pour l'Italie si vous voulez découvrir le Colisée, le Panthéon... De plus les guides touristiques ne vous laisseront sûrement pas grimper où vous le souhaitez !
plateformes : PS3 - XBox 360 - PC
images : jeuxvideos.com
ÉDITÉ LE 18/10/12
mercredi 3 octobre 2012
LAURENCE ANYWAYS
LA RENAISSANCE DE LAURENCE ALIA
« C’est une
révolte ?
- Non sir, c’est une
révolution. »
Aujourd’hui si l’on
parle de cinéma canadien, le nom du jeune québécois Xavier Dolan risque qu’on
le veuille ou non de nous venir à l’esprit. Après deux films remarqués (l’introspectif
« J’ai tué ma mère » et le très esthétique « Les amours
imaginaires »), le 18 juillet de cette année, X.Dolan nous a offert « LAURENCE
ANYWAYS », au format ambitieux (159 min). Ce film retrace sur une décennie
(1987-1999) la vie d’un couple singulier, et plus particulièrement à la suite
du choix de Laurence de s’assumer tel qu’il
est, c’est-à-dire une femme, au mépris de tous les codes établis par la société.
Au-delà du thème
apparent et revendiqué du changement de sexe, c’est davantage la volonté de
briser un tabou que le transsexualisme même qui est la substance du film. Tout
est histoire de regards. Tout d’abord celui que se porte Laurence Alia (le
touchant Melvil Poupaud) sur lui-même. « Ça
fait 35 ans que je vis comme ça et c’est un crime. C’est très important, faut
que ça sorte, faut que je te le dise. Je
vais mourir si je te le dis pas. » C’est à partir de cette déclaration,
imprévue, mais pourtant des plus sincères, vitales, que le confort du couple
Fred-Laurence se brise, et que la vie de ces deux êtres bascule. A sa 35ème
année, Laurence fait le constat que toute sa vie il a nié et tue sa
personnalité. 35 ans c’est trop, beaucoup trop, il faut que cela cesse. Ces
années d’existence ne sont que l’imposture d’une fuite systématique d’une « différence ». Laurence est né
homme mais se sent femme. A l’observation de sa compagne Fred (jouée par la
très juste et marquante Suzanne Clément) « Tu me mens depuis deux ans », Laurence ne peut que répondre « Non j’ai pas menti, j’ai juste rien
dit ». Ne rien dire. Taire son être. S’empêcher de vivre pleinement,
au motif que ce n’est pas normal et que personne, ni la société, ni Fred, ni sa
famille, ne pourrait l’assumer, le supporter, le comprendre, l’accepter. Tant
que Laurence n’assumera pas sa différence à la vue de tous et qu’il ne se sera
pas accepté en tant que tel qu’il ne pourra être enfin normal.
« Déguisée » comme le dit sa mère (Nathalie
Baye, exceptionnelle comme toujours), Laurence rayonne, détonne et étonne.
Laurence est belle. Mais le but de Laurence est d’être acceptée de la société.
Elle ne veut pas vivre recluse. Continuer à vivre comme avant, avec le même
entourage, est son seul désir. L’acceptation de son être par les autres
constitue la difficulté de sa renaissance. Car le centre du propos est
là : la société rejette la différence, la pointe du doigt et se borne aux
préjugés… sans porter sa réflexion au-delà. La scène dans le café, poignante est très
illustratrice. Fred y exprime son exaspération devant tout le monde, après
l’intervention de la serveuse. Saturation de ces regards lourds à supporter au
quotidien, de toutes ces personnes muettes mais dont le jugement se lit très clairement
sur leur visage... La société emprisonne d’une certaine manière les
individualités, imposant ses codes, dont celui du rejet de ceux qui ont le
courage d’assumer le fait d’être au-delà des normes … Etre un homme et se
« transformer » en femme, n’est-ce pas l’expression ultime de la
différence ? C’est pour cette raison que X.Dolan a choisi de conter
l’histoire de Laurence Ali. Il est important cependant de remarquer que, comme
le dit le réalisateur lui-même, personne du film n’aspire plus à la normalité
que Laurence.
« C’est un film sur le regard, sur le regard que la société porte sur les
gens différents, la façon dont elle les marginalise. Au final le personnage
principal se trouve être le plus normal de toute la galaxie de personnages se
trouvant autour de lui. Tout le monde dans le film est très caricatural … des
vieilles putes burlesques à la bourgeoisie droitiste. Il n’y a personne dans le
film qui est plus en quête de tranquillité et normalité que Laurence, qui veut
enseigner, qui veut faire son livre, qui veut vivre sa vie. »
AMOUR HORS-NORMES
Fred : « Il
faut redescendre sur terre Laurence.
Laurence :
A quoi ça sert de redescendre quand on est monté si haut ? »
Au-delà de la critique
de la société, «Laurence Anyways » est avant tout l’histoire d’un amour passionnel
entre deux personnes, Fred et Laurence. Fred est en effet prête à accompagner
Laurence dans sa transformation et à affronter avec lui le regard que leur
porte la société. Mais se lancer corps et âmes dans cet amour
« extra » ordinaire n’est-ce pas fuir la réalité et une certaine
fatalité ? Fred elle-même le dit : « Tout ce que moi j’aime de toi c’est ce que toi tu détestes de toi ». Faut-il
renoncer à l’être aimé parce que la douleur est trop grande, ou alors l’aider dans
sa nouvelle naissance en dépit des opinions des autres, et même de notre propre
bonheur ? Faut-il donner une chance à ce qui continue d’être une histoire
d’amour ou se rendre à l’évidence et se dire qu’on ne peut au final être
heureux dans une telle situation ? Fred a fait le choix d’y croire et nous
assistons aux péripéties de cet amour. Seulement l’étendue temporelle du film
nous permet de connaître les hauts et les bas de leur histoire, et la lutte
pour la permanence de cet « amour impossible » fait naître en nous
tendresse et mélancolie. On peut ainsi qualifier les trois films que X.Dolan a
réalisé comme une sorte de trilogie inconsciente sur l’amour impossible. Ainsi
« J’ai tué sur ma mère » serait l’amour impossible entre un garçon et
sa mère à l’adolescence, « Les amours imaginaires » l’amour
impossible jeune et enfin « Laurence Anyways » l’amour
impossible adulte.
L’amour familial est ici incarné par la « guest star » du
film, Nathalie Baye. Son personnage est particulièrement touchant, en parti
grâce à la franchise emprunte de subtilité de son jeu. X.Dolan n’est pas tombé
dans le cliché de la réaction de la mère s’inculquant la faute de
l’ « anormalité » de son fils. « Tu veux que je réagisse comment Laurence ? ». Cette
apparente indifférence cache en réalité un profond bouleversement. Car la mère
de Laurence est le seul personnage qui, au cours du film, connaît une évolution
psychologique positive suite au changement de Laurence. En effet, elle se remet
à peindre, et décide de mettre fin à l’inertie de sa vie de femme et de couple.
Si son fils a le courage de s’assumer, n’est-elle pas capable elle aussi de
faire un effort pour être heureuse ? Nathalie Baye prononce ces mots
touchants : « Je n’ai jamais eu
l’impression que tu étais mon fils... Par contre, j’ai l’impression que tu es
ma fille. » Lorsque le fils et la mère se sentent épanouis en leur propre
personne, alors la relation conflictuelle devient apaisée.
LA « DOLAN TOUCH »
Ce n’est pas une
nouveauté, la musique a depuis les premiers pas cinématographiques de X.Dolan une
importance primordiale. C’est sûrement l’aspect qui me plaît le plus dans ses
films. Il y a une harmonie magique entre les sons et les images, entre les
sentiments exprimés par le film et ceux ressentis par le spectateur. Cette harmonie
confère au cinéma de X.Dolan toute sa puissance. Il y a un soin particulier
apporté aux plans, et certaines scènes pourraient être visionnées des centaines
de fois avec le même émerveillement et sans ennui grâce à la beauté de
l’ensemble. Pour X.Dolan, la musique est un personnage de ses films. Elle est
son instrument de communication avec le spectateur. Avec « Laurence Anyways »
j’ai été subjuguée dès les premières secondes. La scène d’ouverture où Laurence
marche dans une rue embrumée telle un songe est une introduction esthétique et
musicale magistrale ; sur un air d’un de mes groupes préférés que je vous conseille
vivement de découvrir si le nom de FEVER RAY ne vous dit rien. En définitive, la
seule nuance à mon enthousiasme concernant le film serait peut être sa
longueur, même si les scènes d’explosion musicale et esthétique lui confèrent
un rythme singulier. Ainsi on accepte tous les excès de X.Dolan, car son cinéma
serait peut être en définitive le cinéma de l’excès, excès d’instants
magnifiques et touchants de la vie, qu’on accentue et ralentit, par le biais d’une
harmonie visuelle et sonore... Le cinéma en a le pouvoir, X.Dolan l’ayant bien compris,
exploite cela avec génie.
mardi 2 octobre 2012
L'Accent sur...
LA RENAISSANCE. Vous l'aurez compris c'est moi qui suis en charge de ce tout premier article de la toute nouvelle version du Kulturrama. Le principe, c'est donc de se pencher particulièrement sur un thème pendant tout un mois. Alors voilà. Cela fait deux ans et demi que nous existons, et cette année en lançant quelque chose de nouveau, un nouveau concept, un nouveau projet, c'est un peu comme si nous renaissions de nos cendres.
Ce premier thème, la Renaissance, nous semblait donc plutôt approprié à ce que le blog vit actuellement. La Renaissance, qu'est-ce que ça peut vouloir dire, qu'est-ce que ça peut inspirer ? Je me suis penchée sur la question d'un peu plus près. Il me semble qu'on peut le comprendre dans deux sens essentiellement : tout d'abord, et c'est ce qui me vient à l'esprit en premier, la renaissance comme réapparition, comme régénération, comme quelque chose de nouveau. Et puis ensuite, la Renaissance avec un grand R pour parler de la période historique, plus particulièrement en ce qui nous intéresse le courant artistique.
Ce mois ci sera donc l'occasion de vous concocter plein de petits articles sur, pour ne donner que quelques idées, un cinéaste qui a opéré un tournant au cours d'un de ses derniers films, une série TV qui s'offre les services d'un nouveau scénariste... Ou alors cela pourra être l'occasion de parler d'une oeuvre dans laquelle un des personnages veut, essaie, arrive ou non à renaître. Ou enfin pourquoi pas le moment de vous donner nos impressions sur une expo qui touche à la Renaissance qu'on aurait vu récemment.
Alors lectrices et lecteurs, vous allez être témoins ce mois ci de la renaissance du Kulturrama, et comme généralement lorsque l'on renaît c'est pour tendre vers le mieux, pour améliorer ce qui est améliorable, nous espérons que cette nouvelle version va vous intéresser tout autant que l'ancienne!
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