L'affiche du dernier Polanski est à elle seule une petite merveille. En un coup d'oeil on devine ce que va nous montrer le film.
D'abord le côté théâtre, car le film est adapté de la pièce Le dieu du Carnage de Yasmina Reza. D'ailleurs l'image à l'écran transpire la scène. L'action se concentre sur un seul lieu : l'agréable salon d'un de nos deux couples protagonistes de ce long métrage. Quelques passages rapides dans d'autres pièces de l'appartement rappellent parfois au spectateur que son siège se trouve au cinéma et non dans un théâtre. Mais le jeu des acteurs, les plans, la progression de l'intrigue font illusion et on en vient à presque à oublier la caméra. Je n'ai pas lu la pièce, je ne peux donc pas faire de comparaison avec celle-ci mais après avoir vu le film, je pense que je vais aller faire un petit détour par le rayon théâtre de ma librairie préférée... Une chose est sûre, Polanski respecte totalement l'atmosphère de l'art dramatique et je verrais bien nos quatre acteurs sur les planches...
En parlant d'acteurs, comment passer à côté de ce casting en observant l'affiche : Jadie Foster, Kate Winslet, Christoph Waltz et John C. Reilly. Rien à redire. Pour la première fois, je peux affirmer sans hésitation que le casting est parfait ! Chacun tient son rôle à travers un jeu exquis et merveilleux qui épouse chaque personnage. Peut-être il se pourrait parfois que certains aient l'impression d'une exagération des rôles, mais il ne faut pas oublier, je pense, le côté théâtre du film. Sur scène les émotions, les paroles, les expressions, tout doit se voir et être audible par tous, il en va de même dans ce film. Pas de jeu superficiel, chacun révèle progressivement la complexité de son personnage, ses multiples facettes et finalement sa nature profonde.
Car le film est d'un cynisme et d'un humour noir incroyable. On rit souvent et de tous. Quel plaisir de voir les conventions sociales exploser, mordre la poussière dès que chacun tente de "communiquer" avec l'autre ; de voir les vraies personnalités ressortir, celles qu'on ne veut pas montrer mais qui sont toujours là. Et c'est surtout cela, que l'affiche (et le film) montrent, un "carnage" comme le lance cette dernière en lettres capitales. A travers ces séries de portraits et ces couleurs vives, Roman Polanski nous annonce la couleur avant même d'avoir acheté la place... L'incident entre les deux enfants, point de départ de la rencontre, devient vite un prétexte, une excuse, pour ce qu'on va dire sur le couple d'en face, sur le sien, sur soi-même. Le dialogue devient incisif, mordant, sur le fil de la méchanceté, presque assimilable à un combat de boxe... Les coups sont d'abord implicites, sous-jacents au sein de certaines répliques, puis on les échange avec politesse et nombreux sourires et on finit par se lancer les mots en hurlant, pleurant, riant... Sans jamais tomber dans le pathétique. Peu à peu le masque social s'effrite pour laisser place à de vraies paroles. Est-ce de la communication ? Je reste perplexe à ce sujet. S'il est sûr que le début n'est que surfait et masque poli, les Cowan et les Longstreet même s'ils se parlent, ne s'écoutent pas toujours. Chacun reste bien campé sur ses positions pour finir par apparaître complétement perdu. Peut-être une amorce de dialogue alors... ou, au contraire, la preuve que l'être humain ne sait pas -plus ?- communiquer avec autrui...
Ainsi sur l'affiche, ce beau huis-clos filmé transparait et tout spectateur qui sait regarder, se verra demander à la caisse, poussé par une force inconnue mais irrésistible : "Une place pour le Carnage s'il vous plait..."
(La bande annonce est comme l'affiche, conduite par quelque chose d'obscur qui vous donne envie d'aller au cinéma... Peut-être simplement parce que Carnage est un bon film... )
Ah, j'oubliais presque... Une chouette émission de France Inter sur notre film ici.
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