vendredi 2 décembre 2011

Des Chédid qui m'ont ennuyée

Ces jours-ci sort Chédid - Une saga familiale, publié chez Grimal et écrit par Anne-Claire Duchossoy. La maison d'édition ayant proposé au blog de chroniquer l'ouvrage, je me lance et je négocie le virage de cette deuxième journée du calendrier de l'avent pour laquelle j'aurais aimé, vraiment, vous faire une recommandation pour un cadeau de Noël. Vraiment. Mais bon ...

















Le livre se présente comme un portrait de la famille Chédid, qui, de la grand-mère Andrée au petit-fils Matthieu, semble avoir le pouvoir de produire au moins un artiste de génie par génération. Partant de ce constat, l'auteure a voulu retracer l'histoire de cette dynastie d'origine libanaise, dont les membres paraissent soudés autant dans la création artistique que par un fort amour filial. Chédid - Une saga familiale comprend donc scolairement quatre parties, les trois premières étant chacune consacrées à l'un des plus fameux membre (Andrée, la poétesse, puis Louis, le chanteur, et enfin, Matthieu, le rockeur). Le dernier chapitre, quant à lui, s'attarde sur les différentes réalisations des autres Chédid moins connus.
On peut reconnaître au moins un mérite à cet ouvrage : il donne envie de (re)découvrir les oeuvres des Chédid. De tous les Chédid. En le refermant, on se surprend à chantonner les tubes de M et les ritournelles de Louis. On ressent aussi l'urgence qu'il y a à lire les textes d'Andrée, cette extraordinaire femme libre et aérienne qui a transmis sa sensibilité à ses enfants. C'est déjà pas mal. Oui mais voilà : même si on apprend des choses (par exemple, le passage sur les débuts de M avec les fils Souchon et Voulzy est plutôt intéressant), c'est laborieusement que l'on arrive à la fin du livre tant il manque, paragraphe après paragraphe, d'énergie et d'allant. On aurait bien aimé qu'il y ait plus de punch dans ces portraits qui restent un peu gnan-gnan, un peu plats. Peut-être aussi qu'un travail de relecture plus serré se serait avéré nécessaire, ce qui aurait évité beaucoup de redites. Et alors que le livre célèbre, sûrement à juste titre, une famille fédérée autour d'un amour joyeux de la langue française, l'auteure, elle, utilise des tournures de phrases tellement invraisemblables qu'elles confinent au non-sens ("en se connaissant, ils se sont reconnus humainement", "il aurait été crédible de croire", "c'est aussi une déclaration d'amitié à ses amis"). Au-delà de ces maladresses, c'est avec un certain ennui que le livre se parcourt car le manque d'angle d'attaque fait que chacune des parties se résume à une liste de thèmes et de descriptions d'oeuvres, déroulées de manière chronologique, et qui n'apportent pas beaucoup plus d'infos que les articles Wikipedia sur le même sujet. La part du livre consacrée à Andrée Chédid surtout est décevante parce que, si on se doit de reconnaître à l'auteur une maîtrise de son sujet et une volonté de faire sortir la poétesse de l'oubli dans lequel elle semble être un peu tombée, on est aussi obligé de regretter la lourdeur de paragraphes entiers construits comme des paraphrases des livres de l'écrivain. Seul le dernier chapitre semble correspondre à l'idée de départ, Anne-Claire Duchossoy s'attardant à y dépeindre (avec une certaine précision) les collaborations entre les différents membres de la famille Chédid. C'est donc quand le livre se termine que les choses commencent à devenir intéressantes.



Bref, voilà un livre qui ne satisfera ni les fans de M, puisque seul un chapitre est consacré à la rock-star, ni ceux qui auraient voulu comprendre en profondeur les ressorts de cette famille discrète et aimable à la fois. Le projet était plutôt bon mais il aurait fallu plus qu'une plume gentillette et académiquement sérieuse pour s'y lancer : il aurait fallu une idée de départ.

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